Intéressement « monde » : le témoignage d’OVHcloud
L’intéressement des salariés est un mécanisme bien ancré dans la culture d’entreprise française, favorisé par un cadre fiscal très avantageux. Mais qu’en est-il lorsqu’il s’agit d’étendre ce dispositif à une échelle internationale ? Porté par une culture d’entreprise axée sur le collectif et une équipe de direction convaincue que, malgré son coût, ce mécanisme serait bénéfique, OVHcloud a relevé ce défi. L’hébergeur français s’est en effet doté d’un accord d’intéressement « monde ». En vigueur dans 15 pays, dont la France, l’Allemagne, l’Italie, le Canada ou encore la Tunisie, ce dernier permet aux près de 3000 collaborateurs d’OVHcloud d’obtenir une prime sur objectifs collectifs.
Cet article, inspiré des échanges entre Alexis Manso, Head of C&B d’OVHcloud, et Epsor, vous livre un témoignage concret concernant l’instauration d’un dispositif d’intéressement international dans une grande entreprise innovante. Vous y trouverez les réponses aux questions les plus fréquemment posées par les DRH et C&B, notamment : pourquoi se doter d’un accord d’intéressement global ? Comment mettre en place un tel dispositif ? Et, bien entendu, comment faire en sorte qu’il soit perçu comme équitable par tous les salariés, indépendamment de leur localisation ? Bonne lecture !
Pourquoi mettre en place un accord d’intéressement « monde » ?
L’adoption d’un accord d’intéressement global est une mesure originale et encore peu usitée dans les entreprises. Il existe pourtant plusieurs bonnes raisons de mettre en place un tel dispositif, comme le démontre l’exemple d’OVHcloud.
Renforcer l’attractivité de la marque employeur
La mise en place d’un accord d’intéressement « monde » peut en premier lieu être motivée par le souhait d’adopter une politique de rémunération attractive et différenciante. Chez OVHcloud, la volonté était ainsi de « challenger les concurrents sur leurs pratiques de rémunération ». Ce mécanisme est en effet encore assez rare à l’échelle internationale ce qui permet à l’organisation de se démarquer des employeurs concurrents, notamment des géants du web dotés de politiques de rémunération très compétitives. L’intéressement représente en outre un important levier d’attraction et de fidélisation du personnel puisqu’il récompense la performance collective et offre une fiscalité potentiellement avantageuse pour les salariés. Selon une étude réalisée par Bpifrance, les primes d’intéressement et de participation seraient ainsi le premier levier de fidélisation (hors rémunération) dans les sociétés de plus de 50 salariés.
Booster l’engagement des collaborateurs et la cohésion interne
L’instauration d’un dispositif d’intéressement « monde » permet d’aligner les intérêts des salariés avec ceux de l’entreprise. Grâce à lui, chaque collaborateur tire profit des succès collectifs. Il s’agit donc d’un levier de motivation, mais aussi de solidarité. Concrètement, l’accord d’intéressement détermine une prime versée par l’employeur à l’ensemble de ses collaborateurs lorsque ceux-ci ont collectivement atteint les objectifs fixés. À travers la mise en place de ce mécanisme, OVHcloud souhaitait ainsi fédérer ses équipes internationales autour d’une vision commune en introduisant un avantage social rassembleur. « Nous cherchions à donner du sens à travers la politique de rémunération. Nous avons un message très fort dans l’entreprise qui est “one team”. Il s’agit de faire vivre la même expérience à chacun de nos collaborateurs où qu’il se trouve dans le monde », détaille Alexis Manso, à l’initiative de l’accord d’intéressement d’OVHcloud.
“Nous avons un message très fort dans l’entreprise qui est “one team”. Il s’agit de faire vivre la même expérience à chacun de nos collaborateurs où qu’il se trouve dans le monde. »
Alexis Manso, Head of C&B d’OVHcloud
Bénéficier d’une fiscalité potentiellement avantageuse
Bien entendu, le cadre fiscal peut lui aussi motiver la mise en place d’un accord d’intéressement. En France, la fiscalité applicable aux primes d’intéressement est avantageuse tant pour l’employeur que pour les salariés. À l’étranger, le régime fiscal relatif aux primes d’intéressement est moins favorable. En effet, comme le rappelle Alexis Manso, hors de l’hexagone, les primes d’intéressement versées en « cash » sont taxées comme du salaire, avec des charges internationales. Néanmoins, « dans certains pays des exonérations fiscales peuvent exister, pour le collaborateur ou pour l’employeur, lorsque les primes d’intéressement sont investies en actions de l’entreprise ». La question fiscale mérite donc d’être appréhendée au cas par cas, avec le concours d’un conseil spécialisé.
Comment mettre en place un accord d’intéressement « monde » ?
Pour se doter d’un accord d’intéressement au niveau « monde », OVHcloud a procédé en plusieurs étapes et s’est fait accompagner par un conseil fiscal, juridique, social et en communication. L’entreprise a proposé un même accord dans tous ses pays d’implantation et a pris le parti de ne pas redistribuer un pourcentage de la masse salariale, contrairement à ce qui est pratiqué sur le marché, mais plutôt de redistribuer un pourcentage de croissance de l’EBITDA . Ainsi, si OVHcloud est rentable, une partie de la croissance peut être reversée aux salariés. Cette approche offre une sécurité sur le plan financier.
Importance d’un accompagnement juridique global
Pour mettre en place son accord d’intéressement « monde », OVHcloud s’est fait épauler par un conseil juridique. Chaque pays étant soumis à sa propre législation, il est en effet crucial de s’entourer de conseillers fiscaux et juridiques pour naviguer entre les différents droits nationaux. En outre, les cadres légaux et fiscaux évoluant constamment, l’entreprise doit rester vigilante et se tenir prête à ajuster son accord d’intéressement en conséquence.
Adoption de l’accord d’intéressement « monde »
En pratique, OVHcloud a d’abord négocié un accord d’intéressement avec ses partenaires sociaux français pour l’UES France. Ceci a impliqué de choisir les critères d’octroi de la prime d’intéressement et le mode de répartition des primes entre les salariés. Toutes les entités tricolores sont donc couvertes par le même accord. En ce qui concerne les entités internationales, le dispositif d’intéressement découle d’une décision unilatérale de l’employeur. Cette dernière reprend exactement les mêmes conditions que le contrat négocié avec les partenaires sociaux français et liste en annexe nominativement toutes les structures juridiques. Le mode de répartition de l’intéressement entre pays a bien entendu été arrêté en amont de cet acte.
En pratique, la mise en place de l’accord d’intéressement « monde » chez OVHcloud a été rapide. « Le plus long a été de conclure l’accord avec les partenaires sociaux en France, car nous sommes partis d’une feuille blanche et avons co-construit cet accord. Une fois celui-ci adopté, une simple décision unilatérale interne a suffi pour raccrocher toutes les structures juridiques du groupe. » De plus, comme le souligne Alexis Manso, l’instauration du dispositif a été facilitée par « un DG en sponsor, une RH suppoteur et un directeur financier qui voyait l’intérêt d’aligner toutes les équipes après une période de forte croissance et qui avait la garantie que nous allions redistribuer uniquement si nous avions des résultats positifs, puisque l’intéressement était assis sur la croissance de l’EBITDA .»
Chez OVHcloud la mise en place d’un accord d’intéressement « monde » a été rendue possible grâce à « un DG en sponsor, une RH favorable et un directeur financier qui voyait l’intérêt d’aligner toutes les équipes (...) »
Alexis Manso, Head of C&B d’OVHcloud
Choix et affinage des critères de l’intéressement “monde”
Concernant les indicateurs et objectifs collectifs fixés dans le cadre de son accord d’intéressement, OVHcloud a tâtonné. L’entreprise a connu deux accords de trois ans et renégociera un nouvel accord l’année prochaine. L’organisation a profité des avenants annuels pour faire des ajustements. Dans les premiers temps, OVHcloud avait par exemple un indicateur de croissance de chiffre d’affaires qui était conditionné à un niveau d’EBITDA.
OVHcloud s’est également cherché sur la dimension RSE/ESG. La première année l’entreprise n’avait pas identifié d’indicateur pertinent en la matière. Après un temps de réflexion, deux indicateurs RSE/ESG ont été mis en place : le « power usage effectiveness », c’est-à-dire la consommation énergétique des data centres de l'entreprise, et l’attraction et la fidélisation des collaborateurs. « Nous avons tous un rôle à jouer dans le bien-être et l’engagement des collaborateurs, c’est pourquoi nous avons décidé de faire de ces enjeux des objectifs », souligne Alexis Manso. « Aujourd’hui, notre accord d’intéressement repose à 30 % sur la croissance de chiffre d’affaires, à 30 % sur la consommation énergétique, à 10 % sur la croissance de l’EBITDA et à 30 % sur l’attraction et la fidélisation des collaborateurs. Donc 60 % de l’accord d’intéressement est lié à la dimension ESG. »
OVHcloud a aussi mis en place très tôt des primes d’intéressement non capées. Plus la croissance de l’EBITDA augmente, plus l’entreprise redistribue d’intéressement. De cette manière, l’organisation est déjà alignée avec la nouvelle loi sur le partage de la valeur qui impose à l’employeur de négocier en cas de résultats exceptionnels. En cas de résultats exceptionnels, la redistribution est en effet effectuée automatiquement, car ces derniers entrent dans le calcul de l’intéressement.
Conditions de redistribution de l’intéressement
Concernant les conditions de redistribution de l’intéressement, OVHcloud a choisi le 100 % au prorata du temps de présence ce qui est favorable aux salaires les moins élevés. « Cela fait partie des ajustements. Certaines années nous étions à 60 % sur le temps de présence et à 40 % sur la rémunération. Finalement, nous nous sommes dit que ce n’était pas ce que nous voulions. » précise Alexis Manso.
Options offertes aux salariés concernant l’utilisation de leurs primes d’intéressement
Chez OVHcloud, les collaborateurs ont la possibilité d’utiliser leur prime d’intéressement de différentes façons. Ils peuvent en effet la percevoir en « cash », s’en servir pour acquérir des actions de l’entreprise tout en bénéficiant d’un abondement (qui est le même dans tous les pays), voire la placer sur un plan d’épargne retraite.
« Aujourd’hui tous nos pays dans le monde ont le choix de percevoir l’intéressement en cash ou de l’investir en actions de l’entreprise » souligne Alexis Manso. Dans certains États, OVHcloud permet également à ses salariés d’affecter leurs primes d’intéressement dans leur fonds d’épargne salariale ou sur leur système de retraite. En France, les collaborateurs peuvent par exemple placer leurs primes d’intéressement sur leur PEE ou sur leur PERCO. Au Canada, les employés peuvent verser leurs primes sur leur régime enregistré d’épargne-retraite (REER). « Tous nos pays ne sont pas encore équipés de systèmes de retraites, mais pour ceux qui le sont nous essayons de mettre en place cette passerelle », précise Alexis Manso.
La partie achat d’actions est quant à elle possible depuis l’introduction de OVHcloud en bourse. « Nous avons fait une offre réservée aux salariés avec augmentation de capital au moment de l’entrée en bourse. L’année suivante nous avons utilisé l’intéressement pour couvrir tous les pays en offrant aux salariés le choix d’utiliser ou non leurs primes d’intéressement pour investir en actions » relate Alexis Manso.
Dans le détail OVHcloud propose à ses salariés d’acquérir trois types d’actions. « Nous avons mis quelques pays dans le FCPE. Nous avons aussi mis des pays en actionnariat direct. Pour les États-Unis et l’Italie, nous n’avions pas le choix. En revanche, nous aurions pu mettre l’Allemagne, l’Espagne et la Pologne dans le FCPE pour simplifier la gestion de notre côté, mais nous ne l’avons pas fait pour optimiser l’avantage collaborateur d’un point de vue fiscal. Enfin pour la Tunisie et le Maroc nous avons mis en place des “phantom shares” », explique Alexis Manso. Pour rappel, les “phantom shares” ou “phantom stocks” sont des instruments de rémunération qui suivent la valeur des actions de l'entreprise sans transférer aux salariés la propriété réelle des actions. Les efforts de OVHcloud portent leurs fruits puisque, comme le souligne le Head of C&B d’OVHcloud « En moyenne 70% des collaborateurs du Groupe investissent dans notre plan d’actionnariat. »
Affectation des enveloppes d’intéressement par pays
Concernant la répartition des enveloppes d’intéressement par pays, OVHcloud a choisi de répartir l’intéressement au prorata de la masse salariale par rapport à la masse salariale totale. Ainsi, explique Alexis Manso, « si un pays représente 20 % de la masse salariale du groupe, il aura 20 % de l’enveloppe totale d’intéressement .»
En pratique, le calcul de la masse salariale et de la redistribution est relativement simple, car OVHcloud dispose d’un outil SIRH « monde ». « Nous avons toutes les informations et tous les pays utilisent le même logiciel de “time off” pour comptabiliser les absences et les jours de congé. Nous faisons néanmoins une vérification avant le calcul individuel et nous sollicitons nos correspondants locaux pour remonter des data depuis la paie, notamment à propos du temps de travail. Concernant la masse salariale, il s’agit d’une information que nous suivons tous les mois », détaille Alexis Manso.
OVHcloud a des résultats commerciaux par pays. Cependant, la vision « one team » prime en ce qui concerne l’affectation des enveloppes d’intéressement. « Nous sommes sur une approche un seul résultat groupe. Le groupe se porte bien ou le groupe ne se porte pas bien. Parfois, certains pays ne vont pas atteindre les objectifs que nous nous étions fixés, mais nous sommes tous ensemble et finalement la copie est celle du groupe », rappelle le Head of C&B d’OVHcloud.
Dans une même logique, OVHcloud a pris le parti de ne pas tenir compte du mécanisme fiscal français dans la répartition des enveloppes d’intéressement. Compte tenu des déductions d’impôt dont peuvent bénéficier les collaborateurs tricolores, le groupe aurait en effet pu faire le choix de leur distribuer un montant brut inférieur à celui alloué aux salariés étrangers. Néanmoins, poursuit Alexis Manso, « nous avons tout de suite balayé cette option, car les avantages fiscaux par pays peuvent varier d’une année sur l’autre tout comme la situation fiscale des collaborateurs. Cependant, la question est légitime et il est important de se la poser .»
Ces modalités de répartition des enveloppes d’intéressement par pays ont été bien acceptées par les salariés internationaux malgré le fait que l’intéressement soit un mécanisme plus favorable en France. « Nous avons eu quelques questions. Par exemple : pourquoi deux collaborateurs à temps plein touchent des montants différents en brut puis en net ? Cela s’explique assez bien : nous avons pondéré en fonction de la masse salariale et nous ne payons pas tout le monde de la même façon dans tous les pays », précise Alexis Manso.
Outre ce travail de pédagogie et de transparence, OVHcloud a également fait en sorte de rendre son dispositif d’intéressement aussi avantageux que possible pour ses collaborateurs internationaux. Ceux-ci peuvent en effet choisir l’affectation de leur prime, ce qui leur permet eux aussi de profiter d’avantages fiscaux. Concrètement, un salarié canadien qui place sa prime sur son système de retraite ou un collaborateur allemand qui place sa prime sur son système d’actionnariat bénéficient d’exonérations.
« Dans certains pays les salariés paient des taxes s’ils prennent des actions ou des charges sur leur intéressement. Mais comme les collaborateurs ont la possibilité de panacher leurs choix, par exemple en prenant une partie en cash et une partie en actions, ils peuvent utiliser leur partie en cash pour financer des actions et les charges associées. De sorte qu’à la fin leur intéressement peut leur servir à acquérir des actions sans sortir d’argent de leur poche et avec des frais de gestion pris en charge par l’entreprise. Cela est donc plus avantageux que de passer par une banque où ils devraient payer de leur poche » explique Alexis Manso.
Comment animer un accord d’intéressement « monde » ?
Pour que les salariés tirent pleinement profit de l’accord d’intéressement de leur entreprise et l’estiment à sa juste valeur, il est nécessaire d’animer ce dispositif. Dans le cas d’OVHcloud, un autre enjeu s’ajoute à celui de « faire vivre » le dispositif aux yeux des collaborateurs : celui de faire en sorte que l’intéressement soit perçu comme équitable par tous les salariés, indépendamment de leur localisation. OVHcloud a su relever ces deux défis avec brio.
Valorisation du dispositif auprès des talents internationaux
L’intéressement étant un mécanisme français, il convient de le valoriser auprès des candidats et salariés internationaux qui ne sont pas familiers avec ses avantages. Dans cette perspective, OVHcloud déploie une communication pédagogique mettant en avant deux grands atouts de son dispositif d’intéressement, en l’occurrence : la possibilité offerte aux collaborateurs de choisir l’affectation de leurs primes d’intéressement et les objectifs RSE/ESG inclus dans l’accord d’intéressement.
L’option concernant l’utilisation des primes d’intéressement permet aux collaborateurs de tirer le meilleur parti de leur rémunération. Les objectifs RSE/ESG répondent quant à eux à la quête de sens des talents. « Notre politique de rémunération rend compte de nos engagements RSE/ESG et 60 % de l’intéressement repose dessus. Donc l’intéressement nous sert de « proof point » en fonction des attentes candidats » explique Alexis Manso. En d’autres termes, chez OVHcloud, l’accord d’intéressement traduit les engagements de l’entreprise et permet de les rendre tangibles aux yeux des collaborateurs. Ces engagements sont bien réels, notamment avec la mise en place de systèmes de refroidissement des data centers à l’eau depuis 20 ans.
Campagnes d’intéressement et animation de l’accord groupe
Pour assurer le succès de l’accord d’intéressement « monde », il est nécessaire d’animer ce mécanisme tout au long de l’année et de mener des campagnes d’intéressement à l’échelle internationale. Selon le Head of C&B d’OVHcloud, « l’adhésion aux campagnes d’intéressement est un vrai enjeu de pédagogie. » Pour impliquer tous les collaborateurs dans le dispositif, l’entreprise a ainsi mis en place une série de mesures :
- Formation des offices managers et des HRBP à l’international ;
- Brief de l’ensemble des responsables RH ;
- Création d’un site internet dédié par pays avec les conditions fiscales et juridiques de chacun, ainsi que des simulateurs adaptés aux taux de charges et de change locaux ;
- Organisation d’une session « questions-réponses » en direct où tous les collaborateurs pouvaient poser leurs questions pour chacun des pays ;
- Diffusion de l’enregistrement de cette session « Q&A » sur le site intranet de l’entreprise ;
Cette stratégie s’avère gagnante. En effet, comme le souligne Alexis Manso, “ sur la dernière campagne qui vient de s’achever, nous avons par exemple 75 % des collaborateurs tunisiens qui adhèrent au plan. Donc cela fonctionne.”
Quel est le bilan de l’intéressement « monde » chez OVHcloud ?
Lorsqu’il est bien animé et rattaché au cœur du business, le dispositif d’intéressement « monde » a indéniablement des effets positifs sur l’équilibre financier de l’entreprise et la satisfaction des collaborateurs. Les résultats obtenus par OVHcloud démontrent l’intérêt de l’accord d’intéressement pour une organisation internationale.
Réduction des coûts liés à l’absentéisme et au turnover
6 années après la mise en place de son accord d’intéressement, OVHcloud constate que les investissements réalisés en matière de rémunération, et plus précisément d’intéressement, engendrent une réduction des coûts liés à la rotation du personnel et à l’absentéisme. Comme le souligne Alexis Manso, l’employeur est donc gagnant. « Nous avons vu des améliorations sur les différents KPI que nous suivons. Aujourd’hui, le montant que nous investissons dans les “benefits” de nos collaborateurs est largement compensé par les économies liées à la réduction des départs volontaires et de l’absentéisme», détaille le Head of C&B d’OVHcloud.
« Nous avons vu des améliorations sur les différents KPI que nous suivons. Aujourd’hui, le montant que nous investissons dans les “benefits” de nos collaborateurs est largement compensé par les économies liées à la réduction des départs volontaires et de l’absentéisme»
Alexis Manso, Head of C&B d’OVHcloud
Satisfaction des collaborateurs
Chez OVHcloud, l’appréciation du dispositif d’intéressement par les collaborateurs est évidente bien qu’elle soit compliquée à évaluer avec finesse. Comme l’explique Alexis Manso : « nous avons eu un vrai effet “waouh” la première année et celle où nous avons laissé le choix aux collaborateurs à propos de l’utilisation de l’enveloppe d’intéressement. Nous sommes extrêmement surpris de l’accueil des collaborateurs. Cependant, il reste difficile de savoir précisément si les salariés réagissent bien parce qu’ils sont satisfaits de l’accord d’intéressement ou parce qu’ils sont engagés dans l’entreprise. Les deux sont liés, mais nous ne savons pas quel aspect influence l’autre. »
Mise en place d’un accord de participation « monde »
Dans la prolongation de son accord d’intéressement « monde », appelé « global incentive plan », OVHcloud a mis en place un mécanisme de participation lui aussi applicable au niveau international et dénommé « profit sharing ». En pratique, expose Alexis Manso, « si nous dégageons une enveloppe de participation nous redistribuons une prime de participation dans tous les pays du monde, en plus de l’intéressement. Pour convertir les montants entre les euros en France et les montants dans les autres pays, nous appliquons le coefficient de parité de pouvoir d’achat de la banque mondiale. »
L’intéressement « monde » chez OVHcloud : ce qu’il faut retenir
Le retour d’expérience d’OVHcloud à propos de la mise en place d’un accord d’intéressement « monde » démontre l’intérêt de ce dispositif encore rarement usité, la relative simplicité de l’adoption d’un accord à l’échelle internationale, mais aussi les précautions techniques et pédagogiques à prendre dans la mise en œuvre et l’animation de ce dernier.
La clé pour tirer pleinement profit d’un accord d’intéressement global et en faire un levier de performance ? Se faire épauler par des conseils compétents, trouver les bons prestataires, notamment en matière d’épargne salariale et retraite, et procéder par itérations afin d’optimiser le dispositif au fil du temps.
Intéressement « monde » : le témoignage d’OVHcloud
Sommaire
1. L’épargne salariale et retraite, kézako ?
- L’épargne salariale, comment ça marche ?
- L’intéressement en bref
- Intéressement & start-ups/scale-ups, le combo parfait
- L’intéressement en chiffres
2. Une solution gagnant-gagnant !
- Des économies pour tous
- L’épargne salariale, un outil 360°
3. Mise en place de l’intéressement : tuto !
- 7 choses à savoir sur l’accord d’intéressement
- Les 3 grandes étapes à suivre
- Les règles d’or pour un accord réussi
- Use case #1: start-up de 200 collaborateurs
- Use case #2 : start-up de 45 collaborateurs
4. 5 conseils pour bien choisir son prestataire
- Le maître mot : la pédagogie
- Une épargne qui ressemble à vos salariés !
- L’importance d’une gamme d’investissement diversifiée • RSE : priorité aux valeurs de vos collaborateurs
- Frais transparents & compétitifs
5. (Bonus) Soigner les finitions !
- Les démarches administratives, on s’en occupe !
- Communiquez, communiquez... et communiquez !
Nous gérons l’épargne de leurs salariés
L’intéressement des salariés est un mécanisme bien ancré dans la culture d’entreprise française, favorisé par un cadre fiscal très avantageux. Mais qu’en est-il lorsqu’il s’agit d’étendre ce dispositif à une échelle internationale ? Porté par une culture d’entreprise axée sur le collectif et une équipe de direction convaincue que, malgré son coût, ce mécanisme serait bénéfique, OVHcloud a relevé ce défi. L’hébergeur français s’est en effet doté d’un accord d’intéressement « monde ». En vigueur dans 15 pays, dont la France, l’Allemagne, l’Italie, le Canada ou encore la Tunisie, ce dernier permet aux près de 3000 collaborateurs d’OVHcloud d’obtenir une prime sur objectifs collectifs.
Cet article, inspiré des échanges entre Alexis Manso, Head of C&B d’OVHcloud, et Epsor, vous livre un témoignage concret concernant l’instauration d’un dispositif d’intéressement international dans une grande entreprise innovante. Vous y trouverez les réponses aux questions les plus fréquemment posées par les DRH et C&B, notamment : pourquoi se doter d’un accord d’intéressement global ? Comment mettre en place un tel dispositif ? Et, bien entendu, comment faire en sorte qu’il soit perçu comme équitable par tous les salariés, indépendamment de leur localisation ? Bonne lecture !
Pourquoi mettre en place un accord d’intéressement « monde » ?
L’adoption d’un accord d’intéressement global est une mesure originale et encore peu usitée dans les entreprises. Il existe pourtant plusieurs bonnes raisons de mettre en place un tel dispositif, comme le démontre l’exemple d’OVHcloud.
Renforcer l’attractivité de la marque employeur
La mise en place d’un accord d’intéressement « monde » peut en premier lieu être motivée par le souhait d’adopter une politique de rémunération attractive et différenciante. Chez OVHcloud, la volonté était ainsi de « challenger les concurrents sur leurs pratiques de rémunération ». Ce mécanisme est en effet encore assez rare à l’échelle internationale ce qui permet à l’organisation de se démarquer des employeurs concurrents, notamment des géants du web dotés de politiques de rémunération très compétitives. L’intéressement représente en outre un important levier d’attraction et de fidélisation du personnel puisqu’il récompense la performance collective et offre une fiscalité potentiellement avantageuse pour les salariés. Selon une étude réalisée par Bpifrance, les primes d’intéressement et de participation seraient ainsi le premier levier de fidélisation (hors rémunération) dans les sociétés de plus de 50 salariés.
Booster l’engagement des collaborateurs et la cohésion interne
L’instauration d’un dispositif d’intéressement « monde » permet d’aligner les intérêts des salariés avec ceux de l’entreprise. Grâce à lui, chaque collaborateur tire profit des succès collectifs. Il s’agit donc d’un levier de motivation, mais aussi de solidarité. Concrètement, l’accord d’intéressement détermine une prime versée par l’employeur à l’ensemble de ses collaborateurs lorsque ceux-ci ont collectivement atteint les objectifs fixés. À travers la mise en place de ce mécanisme, OVHcloud souhaitait ainsi fédérer ses équipes internationales autour d’une vision commune en introduisant un avantage social rassembleur. « Nous cherchions à donner du sens à travers la politique de rémunération. Nous avons un message très fort dans l’entreprise qui est “one team”. Il s’agit de faire vivre la même expérience à chacun de nos collaborateurs où qu’il se trouve dans le monde », détaille Alexis Manso, à l’initiative de l’accord d’intéressement d’OVHcloud.
“Nous avons un message très fort dans l’entreprise qui est “one team”. Il s’agit de faire vivre la même expérience à chacun de nos collaborateurs où qu’il se trouve dans le monde. »
Alexis Manso, Head of C&B d’OVHcloud
Bénéficier d’une fiscalité potentiellement avantageuse
Bien entendu, le cadre fiscal peut lui aussi motiver la mise en place d’un accord d’intéressement. En France, la fiscalité applicable aux primes d’intéressement est avantageuse tant pour l’employeur que pour les salariés. À l’étranger, le régime fiscal relatif aux primes d’intéressement est moins favorable. En effet, comme le rappelle Alexis Manso, hors de l’hexagone, les primes d’intéressement versées en « cash » sont taxées comme du salaire, avec des charges internationales. Néanmoins, « dans certains pays des exonérations fiscales peuvent exister, pour le collaborateur ou pour l’employeur, lorsque les primes d’intéressement sont investies en actions de l’entreprise ». La question fiscale mérite donc d’être appréhendée au cas par cas, avec le concours d’un conseil spécialisé.
Comment mettre en place un accord d’intéressement « monde » ?
Pour se doter d’un accord d’intéressement au niveau « monde », OVHcloud a procédé en plusieurs étapes et s’est fait accompagner par un conseil fiscal, juridique, social et en communication. L’entreprise a proposé un même accord dans tous ses pays d’implantation et a pris le parti de ne pas redistribuer un pourcentage de la masse salariale, contrairement à ce qui est pratiqué sur le marché, mais plutôt de redistribuer un pourcentage de croissance de l’EBITDA . Ainsi, si OVHcloud est rentable, une partie de la croissance peut être reversée aux salariés. Cette approche offre une sécurité sur le plan financier.
Importance d’un accompagnement juridique global
Pour mettre en place son accord d’intéressement « monde », OVHcloud s’est fait épauler par un conseil juridique. Chaque pays étant soumis à sa propre législation, il est en effet crucial de s’entourer de conseillers fiscaux et juridiques pour naviguer entre les différents droits nationaux. En outre, les cadres légaux et fiscaux évoluant constamment, l’entreprise doit rester vigilante et se tenir prête à ajuster son accord d’intéressement en conséquence.
Adoption de l’accord d’intéressement « monde »
En pratique, OVHcloud a d’abord négocié un accord d’intéressement avec ses partenaires sociaux français pour l’UES France. Ceci a impliqué de choisir les critères d’octroi de la prime d’intéressement et le mode de répartition des primes entre les salariés. Toutes les entités tricolores sont donc couvertes par le même accord. En ce qui concerne les entités internationales, le dispositif d’intéressement découle d’une décision unilatérale de l’employeur. Cette dernière reprend exactement les mêmes conditions que le contrat négocié avec les partenaires sociaux français et liste en annexe nominativement toutes les structures juridiques. Le mode de répartition de l’intéressement entre pays a bien entendu été arrêté en amont de cet acte.
En pratique, la mise en place de l’accord d’intéressement « monde » chez OVHcloud a été rapide. « Le plus long a été de conclure l’accord avec les partenaires sociaux en France, car nous sommes partis d’une feuille blanche et avons co-construit cet accord. Une fois celui-ci adopté, une simple décision unilatérale interne a suffi pour raccrocher toutes les structures juridiques du groupe. » De plus, comme le souligne Alexis Manso, l’instauration du dispositif a été facilitée par « un DG en sponsor, une RH suppoteur et un directeur financier qui voyait l’intérêt d’aligner toutes les équipes après une période de forte croissance et qui avait la garantie que nous allions redistribuer uniquement si nous avions des résultats positifs, puisque l’intéressement était assis sur la croissance de l’EBITDA .»
Chez OVHcloud la mise en place d’un accord d’intéressement « monde » a été rendue possible grâce à « un DG en sponsor, une RH favorable et un directeur financier qui voyait l’intérêt d’aligner toutes les équipes (...) »
Alexis Manso, Head of C&B d’OVHcloud
Choix et affinage des critères de l’intéressement “monde”
Concernant les indicateurs et objectifs collectifs fixés dans le cadre de son accord d’intéressement, OVHcloud a tâtonné. L’entreprise a connu deux accords de trois ans et renégociera un nouvel accord l’année prochaine. L’organisation a profité des avenants annuels pour faire des ajustements. Dans les premiers temps, OVHcloud avait par exemple un indicateur de croissance de chiffre d’affaires qui était conditionné à un niveau d’EBITDA.
OVHcloud s’est également cherché sur la dimension RSE/ESG. La première année l’entreprise n’avait pas identifié d’indicateur pertinent en la matière. Après un temps de réflexion, deux indicateurs RSE/ESG ont été mis en place : le « power usage effectiveness », c’est-à-dire la consommation énergétique des data centres de l'entreprise, et l’attraction et la fidélisation des collaborateurs. « Nous avons tous un rôle à jouer dans le bien-être et l’engagement des collaborateurs, c’est pourquoi nous avons décidé de faire de ces enjeux des objectifs », souligne Alexis Manso. « Aujourd’hui, notre accord d’intéressement repose à 30 % sur la croissance de chiffre d’affaires, à 30 % sur la consommation énergétique, à 10 % sur la croissance de l’EBITDA et à 30 % sur l’attraction et la fidélisation des collaborateurs. Donc 60 % de l’accord d’intéressement est lié à la dimension ESG. »
OVHcloud a aussi mis en place très tôt des primes d’intéressement non capées. Plus la croissance de l’EBITDA augmente, plus l’entreprise redistribue d’intéressement. De cette manière, l’organisation est déjà alignée avec la nouvelle loi sur le partage de la valeur qui impose à l’employeur de négocier en cas de résultats exceptionnels. En cas de résultats exceptionnels, la redistribution est en effet effectuée automatiquement, car ces derniers entrent dans le calcul de l’intéressement.
Conditions de redistribution de l’intéressement
Concernant les conditions de redistribution de l’intéressement, OVHcloud a choisi le 100 % au prorata du temps de présence ce qui est favorable aux salaires les moins élevés. « Cela fait partie des ajustements. Certaines années nous étions à 60 % sur le temps de présence et à 40 % sur la rémunération. Finalement, nous nous sommes dit que ce n’était pas ce que nous voulions. » précise Alexis Manso.
Options offertes aux salariés concernant l’utilisation de leurs primes d’intéressement
Chez OVHcloud, les collaborateurs ont la possibilité d’utiliser leur prime d’intéressement de différentes façons. Ils peuvent en effet la percevoir en « cash », s’en servir pour acquérir des actions de l’entreprise tout en bénéficiant d’un abondement (qui est le même dans tous les pays), voire la placer sur un plan d’épargne retraite.
« Aujourd’hui tous nos pays dans le monde ont le choix de percevoir l’intéressement en cash ou de l’investir en actions de l’entreprise » souligne Alexis Manso. Dans certains États, OVHcloud permet également à ses salariés d’affecter leurs primes d’intéressement dans leur fonds d’épargne salariale ou sur leur système de retraite. En France, les collaborateurs peuvent par exemple placer leurs primes d’intéressement sur leur PEE ou sur leur PERCO. Au Canada, les employés peuvent verser leurs primes sur leur régime enregistré d’épargne-retraite (REER). « Tous nos pays ne sont pas encore équipés de systèmes de retraites, mais pour ceux qui le sont nous essayons de mettre en place cette passerelle », précise Alexis Manso.
La partie achat d’actions est quant à elle possible depuis l’introduction de OVHcloud en bourse. « Nous avons fait une offre réservée aux salariés avec augmentation de capital au moment de l’entrée en bourse. L’année suivante nous avons utilisé l’intéressement pour couvrir tous les pays en offrant aux salariés le choix d’utiliser ou non leurs primes d’intéressement pour investir en actions » relate Alexis Manso.
Dans le détail OVHcloud propose à ses salariés d’acquérir trois types d’actions. « Nous avons mis quelques pays dans le FCPE. Nous avons aussi mis des pays en actionnariat direct. Pour les États-Unis et l’Italie, nous n’avions pas le choix. En revanche, nous aurions pu mettre l’Allemagne, l’Espagne et la Pologne dans le FCPE pour simplifier la gestion de notre côté, mais nous ne l’avons pas fait pour optimiser l’avantage collaborateur d’un point de vue fiscal. Enfin pour la Tunisie et le Maroc nous avons mis en place des “phantom shares” », explique Alexis Manso. Pour rappel, les “phantom shares” ou “phantom stocks” sont des instruments de rémunération qui suivent la valeur des actions de l'entreprise sans transférer aux salariés la propriété réelle des actions. Les efforts de OVHcloud portent leurs fruits puisque, comme le souligne le Head of C&B d’OVHcloud « En moyenne 70% des collaborateurs du Groupe investissent dans notre plan d’actionnariat. »
Affectation des enveloppes d’intéressement par pays
Concernant la répartition des enveloppes d’intéressement par pays, OVHcloud a choisi de répartir l’intéressement au prorata de la masse salariale par rapport à la masse salariale totale. Ainsi, explique Alexis Manso, « si un pays représente 20 % de la masse salariale du groupe, il aura 20 % de l’enveloppe totale d’intéressement .»
En pratique, le calcul de la masse salariale et de la redistribution est relativement simple, car OVHcloud dispose d’un outil SIRH « monde ». « Nous avons toutes les informations et tous les pays utilisent le même logiciel de “time off” pour comptabiliser les absences et les jours de congé. Nous faisons néanmoins une vérification avant le calcul individuel et nous sollicitons nos correspondants locaux pour remonter des data depuis la paie, notamment à propos du temps de travail. Concernant la masse salariale, il s’agit d’une information que nous suivons tous les mois », détaille Alexis Manso.
OVHcloud a des résultats commerciaux par pays. Cependant, la vision « one team » prime en ce qui concerne l’affectation des enveloppes d’intéressement. « Nous sommes sur une approche un seul résultat groupe. Le groupe se porte bien ou le groupe ne se porte pas bien. Parfois, certains pays ne vont pas atteindre les objectifs que nous nous étions fixés, mais nous sommes tous ensemble et finalement la copie est celle du groupe », rappelle le Head of C&B d’OVHcloud.
Dans une même logique, OVHcloud a pris le parti de ne pas tenir compte du mécanisme fiscal français dans la répartition des enveloppes d’intéressement. Compte tenu des déductions d’impôt dont peuvent bénéficier les collaborateurs tricolores, le groupe aurait en effet pu faire le choix de leur distribuer un montant brut inférieur à celui alloué aux salariés étrangers. Néanmoins, poursuit Alexis Manso, « nous avons tout de suite balayé cette option, car les avantages fiscaux par pays peuvent varier d’une année sur l’autre tout comme la situation fiscale des collaborateurs. Cependant, la question est légitime et il est important de se la poser .»
Ces modalités de répartition des enveloppes d’intéressement par pays ont été bien acceptées par les salariés internationaux malgré le fait que l’intéressement soit un mécanisme plus favorable en France. « Nous avons eu quelques questions. Par exemple : pourquoi deux collaborateurs à temps plein touchent des montants différents en brut puis en net ? Cela s’explique assez bien : nous avons pondéré en fonction de la masse salariale et nous ne payons pas tout le monde de la même façon dans tous les pays », précise Alexis Manso.
Outre ce travail de pédagogie et de transparence, OVHcloud a également fait en sorte de rendre son dispositif d’intéressement aussi avantageux que possible pour ses collaborateurs internationaux. Ceux-ci peuvent en effet choisir l’affectation de leur prime, ce qui leur permet eux aussi de profiter d’avantages fiscaux. Concrètement, un salarié canadien qui place sa prime sur son système de retraite ou un collaborateur allemand qui place sa prime sur son système d’actionnariat bénéficient d’exonérations.
« Dans certains pays les salariés paient des taxes s’ils prennent des actions ou des charges sur leur intéressement. Mais comme les collaborateurs ont la possibilité de panacher leurs choix, par exemple en prenant une partie en cash et une partie en actions, ils peuvent utiliser leur partie en cash pour financer des actions et les charges associées. De sorte qu’à la fin leur intéressement peut leur servir à acquérir des actions sans sortir d’argent de leur poche et avec des frais de gestion pris en charge par l’entreprise. Cela est donc plus avantageux que de passer par une banque où ils devraient payer de leur poche » explique Alexis Manso.
Comment animer un accord d’intéressement « monde » ?
Pour que les salariés tirent pleinement profit de l’accord d’intéressement de leur entreprise et l’estiment à sa juste valeur, il est nécessaire d’animer ce dispositif. Dans le cas d’OVHcloud, un autre enjeu s’ajoute à celui de « faire vivre » le dispositif aux yeux des collaborateurs : celui de faire en sorte que l’intéressement soit perçu comme équitable par tous les salariés, indépendamment de leur localisation. OVHcloud a su relever ces deux défis avec brio.
Valorisation du dispositif auprès des talents internationaux
L’intéressement étant un mécanisme français, il convient de le valoriser auprès des candidats et salariés internationaux qui ne sont pas familiers avec ses avantages. Dans cette perspective, OVHcloud déploie une communication pédagogique mettant en avant deux grands atouts de son dispositif d’intéressement, en l’occurrence : la possibilité offerte aux collaborateurs de choisir l’affectation de leurs primes d’intéressement et les objectifs RSE/ESG inclus dans l’accord d’intéressement.
L’option concernant l’utilisation des primes d’intéressement permet aux collaborateurs de tirer le meilleur parti de leur rémunération. Les objectifs RSE/ESG répondent quant à eux à la quête de sens des talents. « Notre politique de rémunération rend compte de nos engagements RSE/ESG et 60 % de l’intéressement repose dessus. Donc l’intéressement nous sert de « proof point » en fonction des attentes candidats » explique Alexis Manso. En d’autres termes, chez OVHcloud, l’accord d’intéressement traduit les engagements de l’entreprise et permet de les rendre tangibles aux yeux des collaborateurs. Ces engagements sont bien réels, notamment avec la mise en place de systèmes de refroidissement des data centers à l’eau depuis 20 ans.
Campagnes d’intéressement et animation de l’accord groupe
Pour assurer le succès de l’accord d’intéressement « monde », il est nécessaire d’animer ce mécanisme tout au long de l’année et de mener des campagnes d’intéressement à l’échelle internationale. Selon le Head of C&B d’OVHcloud, « l’adhésion aux campagnes d’intéressement est un vrai enjeu de pédagogie. » Pour impliquer tous les collaborateurs dans le dispositif, l’entreprise a ainsi mis en place une série de mesures :
- Formation des offices managers et des HRBP à l’international ;
- Brief de l’ensemble des responsables RH ;
- Création d’un site internet dédié par pays avec les conditions fiscales et juridiques de chacun, ainsi que des simulateurs adaptés aux taux de charges et de change locaux ;
- Organisation d’une session « questions-réponses » en direct où tous les collaborateurs pouvaient poser leurs questions pour chacun des pays ;
- Diffusion de l’enregistrement de cette session « Q&A » sur le site intranet de l’entreprise ;
Cette stratégie s’avère gagnante. En effet, comme le souligne Alexis Manso, “ sur la dernière campagne qui vient de s’achever, nous avons par exemple 75 % des collaborateurs tunisiens qui adhèrent au plan. Donc cela fonctionne.”
Quel est le bilan de l’intéressement « monde » chez OVHcloud ?
Lorsqu’il est bien animé et rattaché au cœur du business, le dispositif d’intéressement « monde » a indéniablement des effets positifs sur l’équilibre financier de l’entreprise et la satisfaction des collaborateurs. Les résultats obtenus par OVHcloud démontrent l’intérêt de l’accord d’intéressement pour une organisation internationale.
Réduction des coûts liés à l’absentéisme et au turnover
6 années après la mise en place de son accord d’intéressement, OVHcloud constate que les investissements réalisés en matière de rémunération, et plus précisément d’intéressement, engendrent une réduction des coûts liés à la rotation du personnel et à l’absentéisme. Comme le souligne Alexis Manso, l’employeur est donc gagnant. « Nous avons vu des améliorations sur les différents KPI que nous suivons. Aujourd’hui, le montant que nous investissons dans les “benefits” de nos collaborateurs est largement compensé par les économies liées à la réduction des départs volontaires et de l’absentéisme», détaille le Head of C&B d’OVHcloud.
« Nous avons vu des améliorations sur les différents KPI que nous suivons. Aujourd’hui, le montant que nous investissons dans les “benefits” de nos collaborateurs est largement compensé par les économies liées à la réduction des départs volontaires et de l’absentéisme»
Alexis Manso, Head of C&B d’OVHcloud
Satisfaction des collaborateurs
Chez OVHcloud, l’appréciation du dispositif d’intéressement par les collaborateurs est évidente bien qu’elle soit compliquée à évaluer avec finesse. Comme l’explique Alexis Manso : « nous avons eu un vrai effet “waouh” la première année et celle où nous avons laissé le choix aux collaborateurs à propos de l’utilisation de l’enveloppe d’intéressement. Nous sommes extrêmement surpris de l’accueil des collaborateurs. Cependant, il reste difficile de savoir précisément si les salariés réagissent bien parce qu’ils sont satisfaits de l’accord d’intéressement ou parce qu’ils sont engagés dans l’entreprise. Les deux sont liés, mais nous ne savons pas quel aspect influence l’autre. »
Mise en place d’un accord de participation « monde »
Dans la prolongation de son accord d’intéressement « monde », appelé « global incentive plan », OVHcloud a mis en place un mécanisme de participation lui aussi applicable au niveau international et dénommé « profit sharing ». En pratique, expose Alexis Manso, « si nous dégageons une enveloppe de participation nous redistribuons une prime de participation dans tous les pays du monde, en plus de l’intéressement. Pour convertir les montants entre les euros en France et les montants dans les autres pays, nous appliquons le coefficient de parité de pouvoir d’achat de la banque mondiale. »
L’intéressement « monde » chez OVHcloud : ce qu’il faut retenir
Le retour d’expérience d’OVHcloud à propos de la mise en place d’un accord d’intéressement « monde » démontre l’intérêt de ce dispositif encore rarement usité, la relative simplicité de l’adoption d’un accord à l’échelle internationale, mais aussi les précautions techniques et pédagogiques à prendre dans la mise en œuvre et l’animation de ce dernier.
La clé pour tirer pleinement profit d’un accord d’intéressement global et en faire un levier de performance ? Se faire épauler par des conseils compétents, trouver les bons prestataires, notamment en matière d’épargne salariale et retraite, et procéder par itérations afin d’optimiser le dispositif au fil du temps.